Une épave romaine pourrait expliquer l’univers

Mais avant cette découverte, seuls quelques lingots avaient été retrouvés sur d’autres épaves. Le lot de Mal di Ventre est sans précédent. Chacun porte une inscription, souvent énigmatique, mais révélatrice. Par exemple, la mention Societas Marci et Caio Pontillienorum désigne une entreprise dirigée par deux Romains, Marcus et Gaius Pontinelius. Plus de 700 lingots proviennent de cette société. D’autres sont marqués PILIP, probable hommage à un serviteur nommé Philippus. On y trouve aussi les noms de Quinto Appio et Planio Russino, figures de l’industrie du métal.

Selon la professeure Donatella Salvi, cette épave éclaire d’un jour nouveau les structures économiques de la République romaine : une industrie minière aux mains d’entrepreneurs privés, non de l’État. Les noms inscrits prouvent aussi que les fabricants étaient citoyens romains, ce qui situe le naufrage après 89 av. J.-C., date à laquelle les tribus italiennes ont obtenu la citoyenneté. Or, les mines de la Sierra de Cartagena, en Espagne, où ces lingots furent produits, furent abandonnées vers 50 av. J.-C. Le naufrage a donc eu lieu dans cette fenêtre de 40 ans.

Quant aux causes du naufrage, elles restent mystérieuses. Le navire a visiblement coulé droit vers le fond, sans signe de dommage majeur. Il pourrait s’agir d’un renversement causé par les vents violents de la région. Mais une autre hypothèse intrigue : en pleine période de troubles et de guerres civiles, l’équipage aurait pu saborder le navire pour éviter que des pirates ne s’emparent de la précieuse cargaison. Si tel est le cas, leur sacrifice aura eu une portée insoupçonnée.
Un métal antique pour sonder l’invisible

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