Les pesticides : des armes de guerre devenues agricoles
Ce que Hélène Grosbois rappelle avec force, c’est que les pesticides ne sont pas des produits anodins. Il s’agit d’armes chimiques issues des gaz utilisés pendant la Première Guerre mondiale, aujourd’hui diffusées dans la nature en quantités colossales. Rien qu’en France, en 2021, 1 % de la cyperméthrine vendue suffirait à tuer un million de milliards d’abeilles, soit un dixième de la population mondiale d’abeilles. Ces substances sont toxiques au nanogramme, se diffusent partout – dans l’eau, les sols, l’air, les abysses, les pôles – et contaminent même le cordon ombilical des nouveau-nés.
Une science sous emprise, un débat orienté
Pourquoi alors ce sujet n’est-il pas central dans les discussions publiques ? Hélène Grosbois pointe la responsabilité des lobbys. La recherche scientifique étant aujourd’hui largement financée par le privé, les grandes entreprises de l’agrochimie orientent les sujets d’étude pour écarter toute remise en cause de leurs produits. L’État, de son côté, ne lance pas d’appels à projets sur ces questions, ce qui rend toute recherche indépendante pratiquement impossible.