Ses mots me poignardèrent, mais je choisis le silence. Je refusais de lui donner le pouvoir de gâcher ce bonheur intime.
Le week-end suivant, nous décidâmes de prendre un peu d’air. Une journée au parc, loin des tensions, fit du bien aux enfants. Mais à notre retour, le choc fut terrible : toutes nos affaires se trouvaient entassées dans le jardin, valises ouvertes, cartons déchirés. Les serrures avaient été changées. Ma propre clé ne fonctionnait plus. Linda nous avait tout simplement expulsés en notre absence.
Sans solution immédiate, nous nous réfugiâmes chez ma tante, qui nous accueillit à bras ouverts. J’étais dévastée. Comment pouvait-elle agir ainsi dans une maison qui m’appartenait par héritage ? J’attendis impatiemment le retour de mon père, parti en voyage d’affaires.
Quand il revint, il m’appela, persuadé que nous avions déménagé volontairement. Linda lui avait fait croire que nous étions partis de notre plein gré. Mais à mesure que je lui racontais la vérité, sa voix s’éleva de plus en plus, emplie de colère et de stupeur. Puis j’entendis son cri résonner dans le combiné :
— « LINDA, DESCENDS IMMÉDIATEMENT ! »
Ce fut le début d’un affrontement que j’avais redouté, mais qui était inévitable.
Mon père découvrit la trahison. Il vit de ses propres yeux nos affaires abandonnées dehors, et il comprit que Linda avait franchi une limite irréversible. Je ne sais pas exactement ce qu’ils se dirent ensuite, mais je reçus un appel quelques heures plus tard. Sa voix, tremblante mais ferme, me dit :
— « Tu as raison. Cette maison est la tienne. Reviens avec Daniel et les enfants. J’aurais dû protéger ton droit depuis longtemps. »
Les larmes me montèrent aux yeux. Ce n’était pas seulement une question de toit au-dessus de nos têtes. C’était une reconnaissance, une justice rendue à la mémoire de ma mère……